Question d’élection : Représentation démocratique

L’élection fédérale approche à grand pas au Canada. Voici ma dernière question d’élection de la campagne, question que j’ai envoyé aux candidats de mon compté électoral (Lévis-Bellechasse), ainsi que la réponse de ceux qui m’ont répondu.

Question

Lors de l’élection qui vient, plusieurs électeurs seront tentés de voter « stratégiquement », c’est-à-dire de favoriser le candidat le plus près de l’emporter de sorte à bloquer celui qu’ils ne veulent absolument pas voir élu dans leur circonscription. Tout ceci se fait généralement au détriment des candidats ayant moins d’appuis. À quel point ce principe influence-t-il la campagne, et croyez-vous qu’une réforme du système électoral soit de mise pour corriger ces distorsions ?

Réponses

Voici la réponse de Steven Blaney, candidat pour le Parti Conservateur :

Nous sommes privilégié de vivre dns une démocratie héritée du systèeme parlementaire de tradition britannique.

Notre parti s’engage à apporter d’importantes réforme démocratique pour améliorer notre système parlementaire :

  • Rétablir les votes libres en Chambre

  • Réformer le Sénat et proposer l’élection des sénateurs

  • Réformer le système électoral et envisager la représentation proportionnelle et faire approuver toute réforme par référendum

Dans tous les cas, on doit veiller à s’assurer un gouvernement stable et qui pemet aux élus d’être en contact avec les citoyens.

Mathieu Castonguay pour le Parti Vert :

Une réforme électorale est effectivement nécessaire. Cette réforme doit inclure la représentation proportionnelle, un encadrement des sondages et des médias. La démocratie est,selon moi, incompatible avec les stratégies de vote et de communication. Ce que j’observe, c’est que la recherche du pouvoir des politiciens et les intérêts de certains groupes aux moyens financiers importants sont en train de pervertir la démocratie. Les experts en communication finissent par influencer sufisamment de gens pour utiliser la démocratie pour servir leurs intérêts. C’est manifeste dans la campagne actuelle entre Pétrole et Conservateurs. Vous pouvez avoir une autre opinion mais prenez quand même le temps de regarder notre voisin du sud, c’est encore plus évident.

Pour revenir au vote stratégique, ce que j’observe, c’est que plusieurs électeurs désirent “gagner leurs élections” sans même pouvoir dire ce qui les intéresse dans le parti ou le candidat pour qui ils entendent voter. Heureusement, cette attitude n’est pas encore très répendue mais elle m’inquiète. Une réforme du système démocratique mais surtout une prise de conscience des citoyens sont nécessaires.

Je n’ai pas reçu de réponse des autres candidats en liste qui ont reçu ma question : Réal Lapierre (Bloc Québécois), Éric Boucher (NPD), Shirley Baril (Libéral) et Normand Cadrin (Indépendant).

Commentaire

Le Canada est séparé en 308 circonscriptions fédérales qui chacune envoie un député à la chambre des communes à Ottawa. Dans chaque circonscription, c’est le candidat qui obtient le plus grand nombre de vote lors de l’élection qui en devient le représentant au parlement. Bref notre système démocratique est très simple, et facile à comprendre… du point de vue du fonctionnement tout de moins.

Le problème c’est que de séparer l’élection par circonscription ne permet pas de représenter adéquatement les votes de la population. Si un parti présente un candidat dans toutes les circonscriptions et que dans chacune d’elle 15 % des électeurs votent pour le candidat du parti, le parti peut quand même se retrouver sans aucun siège au parlement si il y a dans toutes les circonscriptions un autre candidat qui reçoit plus de votes. Et pourtant, 15 % de la population du pays a voté pour ce parti.

C’est pour cette raison qu’à chaque élection plusieurs électeurs ont l’impression de « perdre » leur vote quand ils choisissent un parti et un candidat qui n’est pas très populaire dans leur région. Il est tout à fait légitime de se demander à quoi ça sert de voter si le résultat dans la circonscription est déjà connu d’avance.

Pour cette même raison, plusieurs électeurs auront tendance à voter pour le candidat (ou le parti) le plus populaire qui semble le plus susceptible de surpasser celui qu’ils ne veulent pas voir élu. C’est aussi à mon avis une invitation pour les partis à faire de la publicité négative en faisant craindre le pire en cas où l’adversaire serait élu dans le but de rallier un nombre suffisant d’électeurs derrière le « bon » parti.

Et pour voter de façon « stratégique », les électeurs doivent se demander qui est le plus susceptible de surpasser tel ou tel candidat qu’ils ne veulent pas voir élu. C’est là qu’entrent en jeu les sondages qui permettent d’identifier les candidats en tête et d’ajuster son vote en conséquence… le problème c’est que les sondages sont presque tous faits au niveau provincial et ne sont pas représentatifs des circonscriptions, ce qui les rend plutôt inutiles. On peux aussi se servir de « projections » comme celles de DemocraticSpaces.com pour Lévis-Bellechasse. Le problème avec ces projections c’est que si on étudie leur méthodologie, elles se basent sur des critères subjectifs et d’anciens résultats pour essayer de prédire le résultat de cette élection, ce qui n’est pas nécessairement très fiable.

Donc le problème problème avec le vote dit stratégique, c’est que c’est tellement difficile de savoir quoi voter pour obtenir le bon résultat que ça ne fait parfois qu’empirer les choses. Des ontariens s’en sont rendu compte lors de la dernière élection. Je crois qu’on est mieux de laisser faire le vote stratégique et de voter pour le candidat qui nous plait le plus. N’oublions pas que les partis au fédéral son financés par le gouvernement fédéral de 1,75 $ par vote annuellement ; un vote qui n’élit personne n’est pas si inutile que ça.

Conclusion

Tous les partis semblent d’accord pour réformer le système et lui ajouter une représentation proportionnelle. Changer le mode de scrutin pour mettre au parlement un nombre de député de chaque parti proportionnel au nombre de vote ne peux que renforcer la confiance de l’électeur qui sera certain que son vote aura servi à quelque chose. Espérons que ce ne soit pas que des paroles en l’air de la part de nos futurs parlementaires.

Ceci termine ma série de questions d’élection. Je tiens à remercier tous les candidats participants et toutes les personnes ayant commenté et j’espère que vous aurez apprécié. Et bonne élection le 23 janvier prochain.


Commentaires

Canadain

Je crois que malgre ce qui est arrive sous le regime Liberal Federal nous nous devons de voter Liberal pour se distancer des Etats-Unis et de Bush

Michel Fortin

Si vous pensez voter stratégiquement, faites le en toute connaissance de cause. Se fier sur un sondage provincial est une stratégie risquée, car si un parti est en avance sur l’autre dans les intentions de vote provinciales, ça ne signifie pas que ce n’est pas l’inverse dans un compté.

Il y a des circonscriptions où, pour contrer l’avance des conservateurs, il vaudrait mieux voter Libéral et il y en a d’autre où il vaudrait mieux voter NPD ou Bloc. Pour la grande majorité des circonscriptions cependant, ça ne fait aucune différence autre que de donner le 1,75 $ associé à chaque vote à un autre parti.

Quoi qu’il en soit, si vous voulez vraiment voter stratégiquement (ce que je n’encourage pas), je vous suggère de vous fier sur le Strategic Voting Guide de Democratic Space (en anglais) qui fait la liste des comptés où ça peut faire une différence. Tout ceci reste quand même basé sur des données très approximatives. (Le site ne propose pas de stratégie pour le Bloc Québécois au Québec, je vous suggère alors de sélectionner NPD et de remplacer le NPD par le Bloc dans le tableau.)


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