Souveraineté
Ces jours-ci se déroule la course à la chefferie du Parti Québécois. Celui qui en sortira vainqueur m’importe peu. Mais les discussions qui s’en suivent sur la souveraineté du Québec un peu plus. (Pour les gens qui sont à l’étranger, il s’agit d’un des deux partis politiques majeurs de la province de Québec, le parti qui a choisi comme priorité de réaliser l’indépendance du Québec vis à vis du Canada.)
Je ne me décris pas comme souverainiste, pas plus que fédéraliste d’ailleurs. Je n’ai rien contre le principe d’être en fédération avec le reste du Canada, pas plus que de vivre dans un éventuel Québec devenu pays indépendant.
Mais il y a une chose de certaine : je ne voterai jamais « oui » à un projet ambigu. Et l’indépendance du Québec reste un projet ambigu à mes yeux. Réaliser l’indépendance, d’accord, mais sur quelles bases ?
Ce qu’on nous répète souvent, c’est ceci (pris directement sur le blogue d’André Boisclair, candidat en tête de la course à la chefferie) :
Il est urgent de réaliser la souveraineté afin que nous possédions l’ensemble des leviers économiques et sociaux qui nous permettront enfin d’être véritablement maître de nos choix et de notre avenir.
Hors, c’est bien beau de rapatrier tous ces leviers du fédéral, mais qu’est-ce qu’on en ferait ? Ne faudrait-il pas commencer par définir ce qu’on attend d’un Québec indépendant ?
Alors voici la recette vers la souveraineté que je propose :
- élaborer une constitution en impliquant des gens de tous les milieux afin d’avoir le consensus le plus large possible, la rendre publique et la faire connaître ;
- élaborer un plan de transition détaillé, le rendre public et le faire connaître ;
- soumettre ces deux documents pour approbation, par référendum.
… et voilà, peut-être que je voterais « oui ». En gros, je veux savoir exactement sur quoi je vote.
Je n’ai rien contre le projet de la souveraineté, mais si le Québec devient indépendant, autant que ce soit bien fait : dans la transparence et dans le respect des idées de chacun, et sans trop d’empressement (personne n’aime se faire pousser dans le dos).
Malheureusement, j’ai l’impression que les forces souverainistes sont plutôt pressées de réaliser un nouveau référendum, et tout ceci au détriment des points que je viens d’élaborer. Tout vient à point à celui qui sait attendre dit-on, mais les gens du Parti Québécois seront-ils suffisamment patients pour laisser à leurs dirigeants le temps de préparer toutes ces choses ?
Quoi qu’il en soit, il me semble presque assuré maintenant qu’il y aura un troisième référendum, tôt ou tard. Personne dans le camp souverainiste n’a abandonné depuis le résultat à 49 pour cent contre 51 d’il y a dix ans.
Que le prochain référendum sur l’indépendance du Québec soit gagnant ou qu’il soit perdant, je crois que le Québec dans son ensemble en sera soulagé. Soit le nombre de vote en faveur de la souveraineté augmente et la proposition passe, soit il redescend et on arrête de penser à un prochain référendum. Dans ces deux cas, ça permettra de sortir du contexte bipolaire actuel où tout doit être étiqueté fédéraliste ou souverainiste, et où il n’y a plus de place pour personne entre les deux.