Gagner contre une guérilla ?

Des fois on trouve un article qui représente plutôt bien ce qu’on pense sur un sujet. Aujourd’hui, Eric Margolis, correspondant à l’étranger pour le Toronto Sun, nous donne ses propres impressions (en anglais) sur la guérilla que nos soldats doivent doit combattre en Afganistan. Voici quelque extraits, traduits.

Y a-t-il encore quelqu’un pour se rappeler de toutes les opérations commandos infructueuses durant la guerre du Vietnam et les toutes les exagérations au sujet des pertes de l’ennemi ? Est-ce que les commandants de l’OTAN savent que tous leur mouvement sont télégraphiés à l’avance aux forces des Talibans ? Ne voient-ils pas ce qui se passe en Irak présentement ?

Est-ce que les officiers canadiens qui font ces étonnantes déclarations croient réellement que les vétérans de la guérilla des Talibans sont assez stupide pour rester sur place et se faire détruire par les avions des É.U. ?

Présentement, les troupes de l’OTAN menés par le Canada se réjouissent d’avoir finalement occupé Panjewi. « Les Talibans ont fuit ! » qu’ils ont annoncés. Ne comprennent-ils pas que les forces d’une guerilla ne s’accrochent jamais à aucune position ? Occuper du terrain ne sert à rien contre une guerilla.

Si il y a une morale à tirer de la guerre du Vietnam, et aussi de la guerre du Liban mené par Israël tout récemment, c’est qu’il est très difficile de battre des combattants qui se cachent sur leur propre terrain.

Ça l’est encore plus quand la population n’est pa de notre côté. Alors je me demande si on a assez fait pour mettre la population de notre côté, et si ça a marché. Je penses que non. Je penses donc que les chances d’une victoire militaire sont très minces.

Ce que l’occident appelle « Taliban » est en fait une coalition grandissante de combattant Taliban vétérans mené par Mullah Dadullah, d’autre clans de guerriers des tribus Pashtun, et une résistance nationaliste mené par Jalalladin Hakkani et l’ancien premier ministre, Gulbadin Hekmatyar, que la CIA a tenté d’assassiner à plusieurs reprises.

Ça c’est intéressant, et c’était quelque chose que je suspectait depuis quelque temps : si les « Talibans » ont récupéré des forces, ça veux dire que plus de personnes joignent leur combat contre les occupants. Mais c’est certainement bien mieux pour l’OTAN de dire qu’ils ne se battent que contre les Talibans et de prétendre qu’il n’y a pas d’autre groupes d’impliqués.

L’agence de l’ONU contre les narcotiques rapporte que l’Afganistan fourni maintenant 92% de l’héroïne mondiale. La production s’est accrue considérablement ; elle était à 40% l’année dernière seulement. Qui est responsable ? Les É.U. et l’OTAN. Ils possèdent maintenant un état de narco-traficants : l’Afganistan.

[…]

Washington et l’OTAN ne peuvent plus continuer à prétendre que c’est le problème de quelqu’un d’autre. C’est l’argent de la drogue qui est le moteur de l’économie afgane et qui garde les chefs de guerre du pays loyal envers le régime de Kabul instauré par les É.U.

Donc en d’autre mots, nous protégeons des narco-traficants pour mieux combattre les insurgeants et les terroristes. Est-ce que je suis le seul à trouver que c’est absurde ?

Si je résume, nous nous battons contre les Talibans et d’autres groupes d’insurgents, avons plus ou moins support de la population et demandons assistance aux chefs de guerre qui font le commerce de la drogue uniquement pour garder nos positions (car seul une petite partie de l’Afganistan est « sous contrôle »). Je penses que le NPD est plutôt sage de recommender le retrait immédiat de nos troupes.


J’ai aussi trouvé ça : c’est sûr que ça ne donne pas une idée générale de la situation, mais cette jolie photographie sur le site de la Défense nationale nous montre des soldats canadiens au milieu d’un champ de cannabis en Afganistan. (via Dominion Weblog)


  • © 2003–2024 Michel Fortin.