Le SCRS a-t-il provoqué Toronto ?
On peut trouver un peu partout sur le net des gens qui croient que le coup de filet de terroristes à Toronto a été monté de toutes pièces par la police et le SCRS. Il y a beaucoup de choses bizarres en effet : le nitrate d’ammonium a été fourni par la police, les terroristes auraient dit qu’ils voulaient décapiter Stephen Harper, et l’information que les accusés savaient à l’avance qu’ils étaient surveillés par les services secrets ne font rien pour donner du sérieux à l’accusation. Alors je suis ravi de voir qu’un journaliste de la Presse ait décidé d’approfondir le sujet.
Dans son article, André Noël cite l’avocat de la défense des accusés qui explique pourquoi de telles arrestations tombent juste à point pour les services de sécurité du pays :
Ma vision cynique des choses, c’est que ces arrestations tombent à un moment formidable pour le SCRS, dit M. Galati. Tout le spectacle qui a été déployé autour d’elles avec des snipers sur les toits des édifices et des tas d’allégations coulées dans les médias me laisse croire que le SCRS avait des objectifs bien précis. Le premier : gagner le vote à la Chambre des communes pour étendre les lois antiterroristes qui doivent être révisées d’ici quelques semaines. Le deuxième : influencer la Cour suprême, qui se penche sur la constitutionnalité des certificats de sécurité (qui permettent d’expulser ou d’emprisonner des immigrants ou des réfugiés soupçonnés de terrorisme sans leur fournir de preuve). Toute l’atmosphère créée autour des arrestations visait aussi à influencer les tribunaux pour refuser des libérations sous caution.
S’il est commun que les détails des accusations criminelles et des preuves soit gardés secret jusqu’au jour du procès, la police c’est montré beaucoup plus ouverte dans ses déclarations publiques cette fois-ci. Il est indéniable qu’il y a une intention d’impressionner les médias et de faire un effet dans l’opinion publique. Plus je regarde cette affaire, plus ça ressemble une manœuvre politique.
Commentaires
Je n’arrive pas à croire que nous en sommes rendus là au Canada. Tout simplement désolant.
Au grand contraire, Geneviève! Je trouve cette histoire incroyablement positive. Bien sur, il est triste de voir que ces phénomènes se produisent au Canada, mais le sérieux que les gens portent à de telles allégations est tout à fait innespéré, et franchement génial.
Pense-y, si des allégations de ce genre avaient été portées il y a quelques années, auraient-elles été prisent au sérieux? Bien sur que non. En fait, il semblerait que nos agences plus ou moins publiques aient appris la leçon des américains: plus un stratagème donné ressemble à une conspiration, moins les gens ont de chance de suspecter qu’il y a eu un coup fourré. L’histoire de l’écoute électronique de la NSA est un bel exemple à ce niveau.
Si les médias commencent à considérer sérieusement la possibilité que du terrorisme puisse être fabriqué de toute pièce pour manipuler l’opinion publique, alors, pour moi, c’est une excellente nouvelle. Plus l’on questionne, mieux c’est.
C’est sûr que cette nouvelle est fabuleuse, parce qu’elle prouve que les médias ne sont pas tous dans le même bateau de la désinformation et de la censure. Que les médias crient à gorges déployées: “Vous vous faites manipulez!!!!” est drôlement plus encourageant que s’ils essairaient de nous faire croire que tout est rose et que les petits lapins gambadent!
Tout ce que je voulais dire c’est que c’est quand même complètement décourageant de penser qu’on cherche à manipuler l’opinion publique de la sorte, et ce, ici sous notre nez.
Je suis certain qu’on peut trouver de bien pires exemples de manipulations… par exemple : sur quelle bases Georges Bush voulait envahir l’Irak ? Les armes de destruction massive. Sadam Hussein était supposé être capable de d’attaquer les États-Unis dans quelque années si on le laissait faire. Vive la paranoïa !