Question d’élection : Environnement

À chaque mercredi d’ici la prochaine élection fédérale le 23 janvier je poserai une question par courrier électronique aux candidats du compté de Lévis-Bellechasse et publierai leur réponse ici. Autant la question de la semaine dernière portait sur un sujet très pointu, celle de cette semaine est plus générale et laisse la porte ouverte à toutes sortes de discussions.

Par soucis d’équité, et pour ne pas faire un article trop long, j’ai demandé aux candidats de me fournir une réponse qui contient un maximum de 175 mots. C’est une contrainte serrée — il y aurait des pages et des pages à écrire sur tous les sujets — cependant j’ai choisi cette longueur parce que je ne cherche pas à avoir tous les détails, je préfère me contenter des grandes lignes avec peut-être quelques exemples, et j’estime que 175 mots c’est la longueur idéale pour écrire un texte qui résume une position.

Alors sans plus tarder, voici la question de cette semaine suivie des réponses des candidats, dans l’ordre de leur réception ce matin.

Question

Tout les partis incluent l’environnement dans leur priorités, mais chacun préconise des moyens différents. L’environnement ne signifie pas non plus la même chose pour tout le monde. Qu’incluez-vous dans la problématique environnementale et quels moyens allez-vous prendre pour améliorer ces problèmes ?

Réponses

Steven Blaney, candidat pour le parti conservateur me répond dans un texte de plus de 400 mots duquel j’ai tiré l’extrait suivant :

[…]

Les changements climatiques et le réchauffement de la planète sont maintenant des faits scientifiques incontestables. Avec l’épuisement des énergies fossiles et leur impact dévastateur sur l’environnement, il est impérieux d’amorcer un virage vers l’efficacité énergétique, le développement des énergies propres et renouvelables et un régime fiscal s’appuyant sur les principes du développement durable.

Selon la pétrolière SHELL, l’enjeu du prochain siècle sera de répondre aux besoins énergétiques croissants de l’humanité[1]. Avec le demande croissante de pays comme la Chine et l’Inde, on peut anticiper des concentrations en gaz carbonique atteignant des sommets inégalés et une augmentation de la température substantielle affectant la qualité de vie et la santé humaine ainsi que les écosystèmes.

Notre programme contient les engagements suivants :

  • Éducation et sensibilisation des impacts environnementaux en fonction de l’activité humaine et des choix de société

    En effet, selon une enquête récente menée par le Conseil privé, l’environnement est en tête des préoccupations des canadiennes et des canadiens et ceux-ci sont enclin à voir leur gouvernement investir dans ce secteur massivement.

  • Développement technologique des énergies propres et renouvelables par la mise en place d’un politique nationale

[…]

Mathieu Castonguay, candidat pour le parti vert :

Notre environnement est la plus grande richesse que nous puissions avoir, les ressources et les avantages que nous en tirons sont extraordinairement importants. Le Parti Vert du Canada propose de placer l’environnement en tête des priorités, de toujours considérer que nous devons le protéger et l’améliorer. Notre santé, notre qualité de vie, nos ressources, notre économie sont tous fortement liés à la qualité de l’environnement.

Le Parti Vert du Canada et moi-même ne serons probablement pas au pouvoir et nous n’aurons donc pas la chance de mettre en place les politiques et les réformes nécessaires à la réalisation des projets. Par contre, nous proposerons des solutions et des idées pour faire face aux enjeux actuels. Nous aurons aussi la chance de demander au gouvernement pourquoi il accepte certaines situations aberrantes. Nous pourrons aussi influencer les politiques pour qu’elles intègrent davantage les valeurs chères au Parti Vert : responsabilité et durabilité.

Éric Boucher, candidat du Nouveau Parti Démocratique (NPD) :

L’environnement est dorénavant une priorité pour tous les Québécois. De plus en plus les liens entre la pollution et les changements climatiques deviennent irréfutables. Les gouvernements précédents ont fait de nombreux vœux pieux au cours de leurs mandats mais les réalisations se font toujours attendre. Malgré les promesses les gaz a effet de serre ont augmenté de 24 % par rapport au niveau de 1990. Le NPD fait de l’environnement une priorité en prônant des solutions novatrices comme une ristourne de 50 % de la taxe sur l’essence aux villes pour encourager le transport en commun, une exemption de TPS lors d’achat de voitures plus vertes et une politique nationale d’efficacité énergétique dont Monsieur Layton a déjà fait la preuve en tant qu’élu à Toronto. La position du NPD est que non seulement un virage vert est nécessaire mais qu’il peut-être économiquement rentable. Nous croyons que l’environnement touche tellement de domaine qu’une plate-forme uniquement environnementale, qui ne se préoccupe d’autre aspect du social, comme celle du parti vert ne peut faire le travail. Le parti vert est d’ailleurs, désavoué par plusieurs commettants du milieu environnemental au Québec, tel Greenpeace ou l’union paysanne du Québec. (Le devoir p.1., 13 décembre 2005) Le vrai parti vert c’est le NPD.

Je n’ai pas reçu de réponse de la part de Shirley Baril, candidate libérale, ou de Réal Lapierre, candidat sortant pour le Bloc Québécois.

Commentaires

Ma propre opinion est que l’environnement est un élément qui touche tous les secteurs d’activités, autant l’agriculture que l’informatique ou la culture et les arts. Ça demande un changement des habitudes de vie, en particulier au niveau de consommation et de surconsommation sans cesse croisante qui ne sont pas soutenables à long terme. Ça passe aussi par une amélioration des procédés dans l’industrie et par une optimisation de la consommation d’énergie.

La surproduction des gaz à effet de serre n’est une facette du problème. Il existe différents types de pollutions et de problème environnementaux. Le respect du protocole de Kyoto est sans doute une bonne façon d’atténuer les changements climatiques, mais ça ne réglera pas tout, loin de là. Je crois qu’il faut créer de nouveaux indicateurs économiques qui tiennent compte de l’état des ressources, qu’il faut favoriser les projets permettant une réduction des déchets (solides, liquides ou gazeux) et qu’il faut que les gens apprennent à moins consommer. À quel point c’est réaliste ? À vous d’en juger.

Je reste un peu surpris devant la réponse d’Éric Boucher qui, après avoir bien identifié une problématique (les gaz à effets de serre) et avoir cité des moyens proposés par le NPD pour la solutionner, se lance dans une critique du parti vert sur deux fronts à la fois, l’aspect social ainsi que le peu d’appuis des groupes environnementalistes pour le parti. C’est une réponse très inspirée et qui contient beaucoup de détails, j’aime bien. Je me suis aussi permis de retrouver l’article du devoir (Un Parti vert étiqueté « trop à droite ») donné en référence par Éric Boucher.

J’avoue être un peu déçu du texte de Mathieu Castonguay : je m’attendais à trouver des problématiques et des solutions, j’y trouve surtout valeurs et des intention. De bonnes valeurs et de bonnes intentions certes, mais ça reste plutôt vague comme réponse. Je m’interroge toujours à savoir quelles de facettes de l’environnement le parti vert cherche à défendre et qu’est-ce que les verts demanderont au gouvernement pour améliorer l’environnement. Peut-être ait-je mal posé ma question.

La réponse de Steven Blaney, conservateur, mentionne la problématique des gaz à effet de serre et promet une meilleure éducation aux impacts environnementaux ainsi que la promotion d’énergies propres grâce à des incitatifs fiscaux. Je me permets de remarquer, sans étonnement, qu’il n’est nul part fait mention du protocole de Kyoto. (Envoyez-moi un courriel si vous voulez la réponse complète de Steven Blaney, ou regardez dans le code HTML de cette page.)

Conclusion

Le but de cette deuxième question était principalement de savoir ce que chaque candidat et chaque parti considère comme un problème environnemental et les moyens à prendre pour régler ces problèmes. Les changements climatiques sont incontestablement la préoccupation environnementale de l’heure, mais il ne faudrait pas oublier que l’environnement ce n’est pas que le climat ; l’environnement c’est ce qu’on boit, ce qu’on mange, ce dans quoi on vit ; l’environnement c’est une question d’adopter de bon comportement partout où l’on passe.


Commentaires

O. Adam

Mise au point concernant le Devoir et le Parti vert.

Dans un article paru le 13 décembre dernier, madame Hélène Buzzetti du journal le Devoir laissait paraître par le titre de son texte que les groupes écologistes qualifiaient le Parti vert de « trop à droite ». Tout en ne comprenant pas l’origine d’une telle affirmation, l’Union paysanne tient à affirmer qu’elle ne se retrouve nullement dans ces propos.

De plus, l’énoncé  qui indique que l’Union paysanne invitera « probablement » ses membres à voter pour le Bloc québécois ne correspond pas non plus à la réalité. L’Union paysanne, tout en étant distante de par ses statuts de toute allégence politique, a toutefois à coeur de convaincre les différentes formations politiques de la nécessité d’un virage majeur en agriculture. Mais il n’y a pas eu et il n’y aura pas de recommandation à l’effet de voter pour un parti en particulier.

Par le fait même, il est intéressant de rappeler que l’agriculture ne figure jamais au rang des grands enjeux des partis et qu’il est fréquent de voir une campagne électorale se dérouler sans entendre parler de l’agriculture. Nous invitons les agriculteurs et citoyens à poser des questions sur ces enjeux qui nous concernent tous. OGM, subventions agricoles, protection des paysages, tissus ruraux et agriculture biologique devraient faire l’objet des préoccupations des politiciens.

Benoit Girouard
Secrétaire général Union paysanne

Maxime Laplante, agr
Président de l’Union paysanne
Mise au point concernant le Devoir et le Parti vert.

Michel Fortin

J’aimerais bien connaître la source du précédent message. Je n’arrive pas à le retrouver ni parmi les communiqués, ni parmi les actualités sur le site de l’Union paysanne.

Aussi, datant de la dernière campagne électorale, le dernier communiqué de Greenpeace sur le sujet semble placer le Bloc, le NPD et le Parti Vert sur un pied d’égalité en matière d’environnement. Ça ne veux pas évidemment pas dire que leur position n’a pas changé depuis.

JCroy

Bonjour Monsieur Fortin,

Mon non est Jean-Claude Roy et je suis candidat pour le PVC dans la circonscription de la Beauce. Comme baucoup de gens soucieux de la qualité de l’environnement, je suis inquiet de la situation et je sens que notre qualité de vie ne tient qu’à un fil.Lorsque les prix du carburants monteront en flèche, nous serons bien mal foutus. On nous promet les autos hybrides pour dans dix ans et en attendant que fait-on? Il y a des alternatives. Les atteintes à notre milieu de vie sont multiples, nous en convenons tous.Je crois cependant que nous devons agir rapidement afin de réduire notre dépendance aux produits pétroliers par le développement de méthodes alternatives pour produire des biocarburants et des sous produits,à partir de la biomasse. Je pense ici aux entreprises Iogen, Ensyn et Biox et il y en a d’autres. De cette façon nous pourrions réduire de façon très significative nos émissions de GES et autres,éviter des risques de déversements et stimuler nos économies en région qui en ont grandement besoin et solutionner d’autres problèmes environnementaux reliés aux exploitations agricoles et à la gestion de nos déchets entre autres. La population a besoin d’être davantage informée pour faire pression sur nos politiciens afin que ces solutions soint mise en application. Je vois dans le programme du PVC des valeurs qui correspondent aux miennes, des valeurs solides, des valeurs avec lesquelles nous devrions tous orchestres notre développement.En ce qui concerne les positions prises par Greenpeace et Équiterre par rapport au PVC, c’est regretable parceque nous devrions tous être solidaires pour la cause mais que voulez-vous, comment affirmer une chose et son contraire en même temps, ne pas faire de politique et suggérer à l’électorat de voter pour le Bloc? Je vous laisse sur cette réflexion. Bonne journée et merci.


  • © 2003–2024 Michel Fortin.